Cahier de Mellow

Tout avais commencé par ce jeudi pluvieux du mois de mai. J'étais là, assise avec Josh, à regarder la pluie tomber à grosses gouttes, en attendant avec espoir un peu de lumière, une éclaircie. C'était la quatrième averse de la journée et nous n'avions même pas eu le temps de jouer un peu dehors. Josh, s'était laissé distraire et commençait à effleurer les touches du grand piano de la maison. Il n'osait pas jouer.

- Tu peux, Joshua. N'hésite pas à jouer quand tu veux, d'accord ? Avait alors dit une voix douce et agréable à écouter.

Josh opina, intimidé par la beauté de cette femme qui n'était autre que celle qui m'avait mise au monde. Il surfa doucement sur les touches du piano, puis commença à entamer une mélodie. Les notes atteignirent mes oreilles, et je les reconnus aussitôt. My heart will go on... Je me laissais entrainer dans ce refrain irrésistible et bientôt ma voix prêta main forte à son instrument, les deux sons s'accordant parfaitement, dans une harmonie incomparable.
Je ne cherchais pas à chanter bien ni à chanter juste, je chantais simplement par pur plaisir. Cette sensation extraordinaire, un moment de bonheur à l'état pur m'emportais dans la symphonie de sons mélodieux.
Les doigts experts de Josh s'arrêtèrent enfin de jouer et le doux chant prit fin.

Ma mère applaudit, riant et souriant, ses cheveux blonds dorés miroitant à la lueur d'un soleil qui apparaissait enfin.

- Josh! Avais-je crié en pointant la fenêtre.

Il n'avait rien dit et s'était contenté de sortir en riant aux éclats. Je le suivais tout aussi gaie et enjouée, tandis qu'il essayait de me semer par delà les collines et les prairies.

« Ce fut l'âge d'or de ma vie. A l'époque, ce n'était pour moi qu'une journée comme les autres, une journée d'expéditions dans les contrées de notre petit village d'Irlande. Une journée de rigolades, de balades autour du lac à narguer les grenouilles, d'exploration au fin fond de la forêt des Myriades, une journée de plus avec celui que je considérais comme un frère. Si j'avais su que Joshua était déjà au crépuscule de sa vie, peut être aurais-je agi autrement... »